mercredi 17 mai 2017

Qu’est­-ce qu’être proveysard ? Beaucoup de réponses mais peu de certitudes...

Au bout de deux heures de débat, la réponse n’allait pas de soi. C’est dire si le thème proposé par l’association locale L’Écho de Proveyzieux “Qu’est­-ce qu’être proveysard aujourd’hui ?” ­ pour cette première soirée débat qu’elle organisait a suscité des réactions et témoignages divers. Un peu plus de trente personnes (surtout des Proveysards mais aussi quelques Quaylards… et d’autres), parfois un peu intrigués, se sont donc rendus vendredi à la salle des fêtes de Pomarey pour une soirée d’échanges finalement très sympathique, animée par Pierre Blanc, ancien maire de Proveysieux (de 1995 à 2008), entouré de deux sociologues, Jean­Paul Bozonnet et Hervé Gumuchian. « Moi, j’habite à Proveysieux mais je n’y suis pas née, je ne me sens donc pas proveysarde. Mais enfants, si, parce qu’ils sont nés ici, témoigna une femme. Ici, il y a une notion de “faire groupe”.
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Une trentaine de personnes a assisté à cette réunion sur l'identité proveysarde organisée par l'Echo de Proveyzieux
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« Avec un S ou un Z ? » 


« On est à Proveysieux depuis trois ans et ici, on a été accueillis. J’ai habité quelques années dans le Vercors avec ma femme et ce n’était pas comme ça : dans le Vercors, si t’as pas trois générations au cimetière, on ne te dit pas bonjour dans les commerces », assura un autre habitant. « Je suis né à Saint-­Égrève, j’ai découvert Proveysieux à 8 ans et j’ai souhaité y habiter. Proveysieux, c’est différent de Saint-­Égrève, ici, on est au milieu de la nature, on est plus dans l’apprentissage et l’auto apprentissage, remarqua un père de famille. Nos premiers enfants ont été à l’école à Saint­-Égrève et nos derniers, à Proveysieux, et ils ne vivent pas la même chose. À Saint-Égrève, ce sont les enseignants qui accueillent les enfants. À Proveysieux, les écoliers sont chez eux et ce sont eux qui accueillent les nouveaux arrivants ».. « À chaque fois qu’il y a un sentiment territorial fort, on peut développer des choses au niveau de l’identité, expliqua Hervé Gumuchian, Quailard depuis 1952. Et ce qui me paraît très grave, c’est que les agriculteurs sont en voie de disparition, et quand ils auront disparu, la commune ne sera plus habitable.
Hervé Gumuchian, Pierre Blanc et Jean-Paul Bozonnet (de gauche à droite) ont animé un intéressant débat
» « L’identité se fait par rapport à autrui et suppose deux choses : qu’on ait conscience de son image de soi, et que cette identité soit reconnue par autrui, détailla M. Bozonnet. Deux nouvelles précarités ont changé la donne : la famille et le milieu socioprofessionnel. » Il fut aussi question du lien entre identification à un village et vitalité des associations, « plus forte à Proveysieux qu’à Quaix », mais aussi de la perte d’identité à cause de la “mainmise” de la Métropole. « Proveysieux, il faut mettre un S ou un Z ? », demanda une femme. L’orthographe exacte, c’est bien Proveysieux et proveysard. Le Z, c’était il y a quelques décennies, puis la préfecture a opté pour le S. « Moi, je mets un point d’honneur à mettre un Z », bondit une dame. « Les Proveysards mettent un Z », assura sa voisine. Voilà une autre façon de se sentir proveysard… 


Vincent PAULUS pour le Dauphiné Libéré (textes et photos)

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