dimanche 25 octobre 2015

Semeuses de joie, comme des nonnes du Zanskar

Les neuf nonnes et Caroline
Les nonnes ont partagé un repas avec les membres de l'Amicale
De nombreuse questions ont été posées aux nonnes.
Caroline s'est faite interprète...
Pour voir de près ces neuf nonnes de Tungri qui effectuent actuellement une tournée en France, les spectateurs s’étaient déplacés en très grand nombre dans la petite salle des fêtes du village de Proveysieux, une ambiance conviviale qui convenait bien au thème de la soirée. Tous s’attendaient à passer une bonne soirée, ce fut une rencontre chaleureuse, un moment de partage et de découverte d’un autre monde, pour tout dire, une soirée extraordinaire.
Caroline Riegel est venue présenter son film, « Semeuses de joie », un documentaire qu’elle a réalisé avec neuf nonnes bouddhistes du Zanskar, une vallée himalayenne perchée à 3700 mètres. « Elles n’ont guère eu d’éducation et certaines n’avaient jamais quitté leurs montagnes. Je leur ai promis une découverte de l’Inde, leur pays, toutes ensembles » précise Caroline. Elles sont donc parties pour un voyage de quatre mois, financé seul par la réalisatrice, un périple qui les a amenées à visiter cet immense pays, presque un continent, de Dehli à Bombay en passant par Calcutta, le Bhoutan ou le Népal. Elles sont même allées jusqu’aux iles Andaman, perdues au milieu du golfe du Bengale. Seule requête des nonnes : visiter les grands monastères tibétains hindous et les lieux bouddhistes historiques.
« Avant ce voyage, on avait le cœur petit, on se sentait un peu comme des ânes », précise une des nonnes, regrettant la barrière de la langue. C’est en découvrant le monde qu’elles ont pu se repositionner. « Je les ai vues grandir au fil du voyage. Maintenant, elles ont beaucoup plus confiance en elles », rajoute Caroline qui en est à son 11ème voyage au Zanskar.
Depuis le 3 octobre, et jusqu’au 1er décembre, ces neuf nonnes sont en France, « entourées de générosité et de bienveillance » précisent-elles. Voyage de découverte d’une société si éloignée de ce qu’elles vivent au quotidien, qui les a déjà emmenées de Strasbourg à Paris, en passant Albertville où elles ont obtenu le coup de cœur du festival « Le Grand Bivouac ». Le film devrait être aussi être diffusé très prochainement sur France 5.
Du passage en Chartreuse, elles retiendront les forêts abondantes qui les ont impressionnées, tout comme le funiculaire et les parapentes de Saint-Hilaire du Touvet.
« Semeuses de joie », dans sa tournée nationale, devrait permettre de récolter les 10.000 € qui manquent actuellement pour le financement d’une école à la nonnerie de Tungri, un projet ambitieux qui devrait aboutir en 2017 (voir encadré).
« On n’a pas beaucoup de richesses, mais on a le cœur assez heureux… », concluait une des nonnes. On peut être nonne bouddhiste au Zanskar, mais aussi philosophe.

Une école au village de Tungri



Le village de Tungri, où doit être batie l'école

Le projet de construction de cette école à la nonnerie devrait renforcer une dynamique encourageante portée par les nonnes et les villageois, fortement impliqués et volontaires. Sans école, ces nonneries, de si peu de ressources, n'ont guère d'espoir de s'adapter au monde moderne. Il y a, bien sûr, l’école gouvernementale où Caroline a notamment enseigné. « Si les enfants vont dans cette école gouvernementale, ils ne suivront pas la voie monastique. Par contre, si ils décident de s’engager dans cette voie, sur influence culturelle, ils partent plutôt dans les monastères d’Inde du Sud, très grands et riches, leur destin est scellé, ils ne reviennent plus ».
L’association « Thigspa » est créée en février 2012, à l'initiative de Caroline Riegel, avec l'idée d'utiliser le film et ses bénéfices pour aider la nonnerie de Tungri pour cette construction. L’école, destinée à la formation des nonnes, sera composée de deux bâtiments, l’un pour les salles de classes et l’autre pour loger les professeurs. Caroline a travaillé avec son amie architecte Amandine Lepers, bénévole sur le projet pour la conception. L’adaptation au terrain en pente et aux risques sismiques était un des challenges du projet. Depuis 2014, ouvriers spécialisés venus du Népal, mais aussi les nonnes travaillent sur le chantier. « Il faudra encore du temps et des dons pour finir cette école, mais une telle convergence d’énergie permet de construire un avenir à ce lieu, héritage d’un autre temps, gardien d’histoire et de sagesse », précise Caroline.

Une salle des fêtes archicomble a fait une ovation aux nonnes du Zanskar et à Caroline Riegel


et la construction d'une école
à la nonnerie de Tungri :

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